Un collectif des français d’origine étrangère a publié au
Monde une lettre très intéressante, dénonçant le discours xénophobe de la campagne
présidentielle. Partout dans la presse, à la fois française et étrangère, l’on
voit des analyses de l’effet LePen sur le discours de Sarkozy. La lettre déplore
les attaques sur les personnes ayant une origine étrangère, surtout sur la
porte-parole de Monsieur Hollande, qui prétende que ses orignie marocaines l’empêche
d’être loyale à sa partie.
Ils s’expliquent:
“Ce ‘trop de monde’, c'est nous. Depuis cinq ans, nous, Français d'origine étrangère, subissons les attaques répétées de la majorité qui remet de plus en plus brutalement en cause notre appartenance à la France.”
Et puis ils en énumèrent:
“Le ‘débat’ sur l'identité nationale qui ne questionnait en réalité que l'identité de certains Français trop bronzés pour être honnêtes, les incessants débats sur la laïcité plaçant dans le viseur celles et ceux d'entre nous qui avaient le malheur d'être musulmans, le discours de Grenoble prononcé par Nicolas Sarkozy dans l'optique de dépouiller certains Français de leur nationalité - comme si celle-ci était une option -, les difficultés et humiliations que nous avons rencontrées pour renouveler une simple carte d'identité dès lors qu'un de nos aïeux était lié à un pays étrangers... Ces agressions répétées nous ont placés dans la plus grande insécurité identitaire.”
Moi, comme étrangère travaillant
en France (et en banlieue dificile!) a bien connu ce genre d’humiliation…mais ce
n’était pas moi qui l’a subi. Petite, blonde aux yeux bleues, j’étais
systématiquement la seule à ne pas être contrôller dans le RER, à ne pas avoir
besoin de montrer ma carte d’identité même pour le trucs les plus banales, à
avoir la porte tenue pour moi lorsque c’était claquée dans le nez de celle qui
passait avant ou après moi. Et pourtant, moi je n’étais ni résidente ni
citoyenne, je n’avais pris aucun engagement envers la France, sauf mon contract
de travail.
Soyons francs. Moi, je passais
deux beaux séjours en France, comme étudiante et après comme employée. J’ai goûté
aux plaisirs qui font de la France une si belle déstination. Mais j’étais bien
consciente que ces plaisirs n’étaient pas offerts à tous et chacun. Il s’agit d’une
discrimination flagrante, ce qui empêche les français, toutes sortes confondues,
de viser et achever des buts communs.
Être citoyen c’est un pacte, oui,
mais c’est un pacte qui va dans les deux sens. Ce n’est pas normal que l’on
demande aux français d’origine étrangère d’avoir à chaque moment de la journée
de se montrer plus français que les franco-français. Ni que l’on fasse d’eux le
bouc émissaire de tous les maux de la France.
Au cours du débat, les candidats
ont évoqué les préstations sociales et l’idée que “les étrangers” en abusent. S’il
existe vraiment des problèmes à la CAF, essayons de les réussir. S’il existent
des problèmes sécuritaires, abordez-les. Mais, en stigmatisant une certaine
partie de la population, l’on a tendance, non seulement ne pas résoudre les
problèmes réelles, mais d’aggraver la fracture et de faire monter les tensions,
là où il serait mieux de les apaiser.
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