History and graphic novels
Recently, Jeune Afrique shone the spotlight on a graphic novel about the history of relations
between the United States and the Middle East. This first volume, of
a projected three part series, is a collaboration between Jean-Pierre
Filiu et David B., and covers 1783-1953. Those dates correspond with
the end of the American War of Independence and CIA-engineered coup
that deposed the popularly elected Iranian Prime Minister, Mohamed
Mossadegh. Certainly, it's a narrative with many dramatic twists and
turns.
Both authors are well-respected in
their fields and there is no reason to suppose that this project is
anything other than well-crafted. And that's important; graphic
novels have a different, larger readership than the audience Filiu
generally reaches, with a different set of expectations and a
different toolkit for understanding history. A larger, more diverse
audience is a double-edged sword; while it means more readers, it
also means more scrutiny, and a greater possibility of backlash.
Les meilleurs ennemis is
particularly interesting, because it deals with history, and thus
runs up against questions of objectivity and subjectivity. History is
a discipline, one of the social sciences, but history is also popular
memory of past events. In German, there is a distinction between
Historie, which is verifiable facts and Geschichte, which is the
interpretation of these facts in a variety of contexts. Pierre Nora's
monumental work, Realms of Memory, investigates this cleavage
in French history, examining what meaning people attach to historical
events, famous individuals, and commemorations. Of course, the
question then becomes: who are the people who choose what meaning an
event has? And when they choose, what other viewpoints get brushed to
the side? A relevant example is the establishment of the state of
Israel; the Israeli government and many Israelis view it as a great
achievement, while Palestinians refer to it as the Nakba, or
catastrophe.
Since the advent of the printing press
(which is a disputed historical milestone in itself), governments
have sought to use newspapers and other media to present a favorable
perspective on their actions. The Atlantic has a wonderful summary of the development of print culture and the impact it has had on
politics. It's not for nothing that today's dictators censor the
internet, limit access to journalists and hire firms to manage their
images. But despite this, citizens find ways to express their
dissent, and employ formats that are accessible, like cartoons and
songs, which can be disseminated easily. Unfortunately, high
visibility puts the dissenters in danger. Since the beginning of the
conflict in Syria, several outspoken artists have been targeted for
reprisals, including the pianist Malek Jandali's elderly parents and
Ali Ferzat, a well-known political cartoonist, whose hands were broken in an attack.
Very few people would come to the
defense of these Syrian attackers, but sometimes dissent is more
controversial. Thousands of angry people filled the streets several
years ago in reaction to the cartoons in the Jyllands-Posten. And
more recently, a film by the Franco-Tunisian director Nadia el-Fani
caused an uproar in Tunisia. Many Muslims see these as a provocation
and don't consider that free speech should extend to what they
consider blasphemy. Of course, if some speech is forbidden, who then
decides where to draw the line? And what guarantees that they won't
abuse this power for their own gain or to hold on to power?
Part of the power of the Arab Spring
has been that at long last, the citizens of the Middle East are
throwing aside fear of their repressive leaders and expressing
themselves. They will finally be able to contest and interpret the
meanings of history and current events. When Filiu and David B. get
to the third volume of their series, the story might look very
different.
L'histoire et la bande dessinée
Dernièrement
est apparu en Jenue
Afrique une critique
de l'album de bande dessinée
Les
meilleurs ennemis. Une histoire des relations entre les Etats-Unis et
le Moyen-Orient. Première partie 1783/1953
qui
décrit
les relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Ce premier
tome, sur une série
de trois, est une collaboration entre le chercheur Jean-Pierre Filiu
et l'artiste David B. et s'étend
sur la période
entre 1783 et 1953. Une période
qui commence avec la fin de la guerre de l'indépendence
des Etats-Unis et qui finit par le coup, orchestré
par la CIA, qui a déposé
le premier ministre iranien Mohamed Mossadegh. Evidemment, un récit
qui comprend des aventures et des rebonds dramatiques.
Tous les deux auteurs sont bien connus
et respectés
dans leur domaine, donc l'on peut supposer que le travail est bien
fait. Et cela est important; les bandes dessinées
ont un public plus grand et plus varié
que celui dont réjouit
habituellement les écrits
du chercheur, avec des attentes et une manière
différente
d'aborder l'histoire. Mais alors un public plus grand et plus varié
est une épée à double tranchant; plus de lecteurs entraîne aussi
plus de visibilité
et une possibilité
plus grande des
réactions défavorables.
Ce qui rend particulièrement
intéressant
Les meilleurs ennemis
est qu'il traite de l'histoire et donc du clivage entre objectif et
subjectif. L'histoire est une science sociale, mais l'histoire est
aussi la mémoire
du grand public. En allemand, l'on fait une distinction entre
Historie, qui comprend que les faits certifiables, et Geschichte, qui
est l'interprétation de ces faits dans plusieurs contextes. L'oeuvre
monumental de Pierre Nora, Les
lieux de la mémoire,
examine ce clivage au cours de l'histoire française,
interrogeant la signification assignée
aux evènements,
personnes renommées
et commémorations.
Et alors la question se pose : qui assigne cette signification? Et
quand ils choississent, quelles autres persepctives sont balayées?
Tenez l'exemple de la création
de l'état
d'Israël
: le gouverenment israëlien
et beaucoup des israëliens
célèbrent
cet evènement,
mais les Palestiniens l'appelle “nakba” ou catastrophe.
Depuis l'apparition de la machine à
imprimer (qui est elle-même
controversée),
des états
cherchent à
contrôler
les journaux et les médias,
afin de donner un image favorable de leurs actions. La revue Atlantic
résume
le développement
de la culture imprimée
et son effect sur la politique. Ce n'est pas pour rien que les
dictateurs de nos jours coupent l'internet, limitent l'accès
des journalistes, et engage des conseillers pour soigner leur image.
Malgré
tout ces obstacles, certains citoyens parviennent à
exprimer leur contestation, et utilise des formats abordables, tels
les caricatures et les chansons, qui se distribuent
facilement. Malheureusement, cette renommée met en danger les
dissidents. Depuis le déclenchement
du conflict syrien, des artistes sont devenus des cibles des
représailles,
comme les parents de pianiste Malek Jandali, ou encore le
caricaturiste Ali Ferzat, dont les mains ont été
brisées
lors d'une aggression.
Très
peu de gens trouveraint des justifications pour ces abus en Syrie,
mais il existe des cas où
la contestation est plus controversée.
Des milliers de gens en colère
ont défilé
dans la rue contre la parution des caricatures dans le journal
Jyllands-Posten. Plus récemment
en Tunisie, le film de Nadia el-Fani crée
un scandale. De nombreux musulmans les considèrent
comme une provocation, et veulent que la libre expression s'arrête
là
où
commence le blashphème.
Mais, quand l'expression est limitée,
qui décide
ce qui est permis et ce qui ne l'est pas? Et comment assurer qu'ils
n'abusent pas ce pouvoir?
La
puissance du Printemps arabe est le fait qu'enfin, les gens du
Moyen-orient se libèrent
de la peur et s'expriment. Ils ont le pouvoir de contester et
interpréter
l'histoire pour eux-mêmes.
Une fois arrivés
au troisième
tome, l'histoire que dépeignent
Filiu et David B. serait bien différente.
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